Voici la transcription de l’archive proposée la semaine. Pour une question de facilité, j’ai choisi d’écrire le texte dans une orthographe moderne.
L’archive date du XVIIe siècle et provient du fonds de Chalain sous la cote 1E4 471. Le texte se déploie sur deux pages.


Comme, je le notais précédemment le document ne présente pas de difficulté, les lettres sont régulières, l’absence de ponctuation et de majuscules ne crée pas de complication. Il n’y a pas d’abréviation. Seule l’orthographe peut poser problème car elle peut varier d’une ligne à l’autre. Ainsi œuf est écrit euf ligne 7 et heuf ligne 9
Remède pour guérir ceux qui ont été mordus
faire l’omelette de saint hubert
par des chiens enragés ou par des loups pour
il faut prendre une petite poignée de l’herbe
que l’on appelle vulgairement du rapemint
la bien hacher menu ensuite prendre deux
jaunes d’œuf que l’on met avec l’herbe après
avoir oté le blanc jusqu’au germe
il faut les œufs du jour s’il ce peut
prendre une baguette de noisetier de plante
en ôter l’écosse grise et laisser la verte
y ajouter du pain bénit de saint hubert à défaut
de celui-ci d’autre pain bénit le tout étant
dans une écuelle ou un plat il y faut ajouter
trois pleines cuillères de bouche d’huile d’olive
et le bien battre avec la baguette de noisetier
le tout à froid ensuite jeter le tout dans la
poêle en disant au nom du père du fils
du saint esprit et du bienheureux saint hubert
y l’en manger pendant neuf matins à jeun
un petit morceau c’est à dire gros comme
en disant au nom du père du fils du
saint esprit et du bienheureux saint hubert faire
pendant neuf jours une neuvaine ou la faire
faire par quelqu’un dans une église de saint
pierre ensuite faire dire une messe ou
plusieurs suivant la dévotion à l’honneur
de saint hubert pour les bêtes mordues
ou leur en donner pendant les neuf jours
Quelques précisions:

Saint Hubert est le saint patron des chasseurs, il est invoqué contre la rage. N’oublions pas qu’avant la découverte de Pasteur en 1886, la rage est une maladie dont l’issue est toujours fatale, les malades mourraient dans d’atroces souffrances. A partir du XVIIe siècle, de nombreux remèdes sont préconisés contre ce virus comme l’utilisation du mercure par Jean Ravelly (un médecin exerçant à Metz) ou l’os de seiche par Mme Fouquet dans son ouvrage Recueil des remèdes faciles et domestiques.

Le rapemint est sûrement un autre nom pour évoquer la bardane (cf Dictionnaire du monde rural Les mots du passé de Michel Lachiver aux Editions Fayard dans la bibliothèque de la Diana sous la cote U 630.944).
La bardane est une plante médicinale connue dès le Moyen Age en Europe pour ses vertus anti-inflammatoires.